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Échange stratégique

Cinq lignes directrices pour une prise de décision efficace dans un monde incertain

26 juillet 2023 par Peter Muldowney

Mixed group of business people sitting around a table and talking.

Même si nous évoluons toujours en période d’incertitude lorsque nous prenons des décisions en matière de placement, certaines périodes, comme 2022, sont beaucoup plus difficiles que d’autres. Cet article présente cinq lignes directrices essentielles pour aider les comités de placement à gérer l’incertitude et à limiter les influences négatives dans le processus décisionnel.

Comprendre l’incertitude

Dans son livre Thinking in Bets, Annie Duke aborde le sujet de l’incertitude. Annie Duke est titulaire d’un doctorat en psychologie. Elle a été l’une des meilleures joueuses de poker au monde. S’appuyant sur son expérience de joueuse de poker, elle souligne à quel point les bons joueurs de poker et les bons décideurs sont à l’aise avec l’incertitude mondiale. Au lieu de se concentrer sur la prise de décision, ils tentent de déterminer leur degré d’incertitude, ce qu’Annie Duke suggère de faire pour prendre de meilleures décisions.

Le risque et l’incertitude vont de pair. Pour David Hillson, consultant international en gestion du risque, tous les risques peuvent être qualifiés d’incertains, mais les incertitudes ne sont pas toutes des risques. » Par exemple, si les prévisions météorologiques laissent entrevoir un risque de pluie, cela suppose une incertitude plutôt qu’un risque, que l’on peut régler simplement en apportant un parapluie.

Selon David Hillson, le risque est une incertitude qu’il ne faut pas négliger. Cela nous amène naturellement à nous demander comment reconnaître ce à quoi il faut accorder de l’importance. L’important est de comprendre la probabilité que le risque se concrétise et à quel point les conséquences pourraient être importantes si les choses ne se déroulent pas comme prévu. Si un événement a une forte probabilité de se produire et que le risque est important, il faudra certainement y accorder de l’importance et s’y attaquer.

Gérer l’incertitude

Que peut-on faire pour gérer l’incertitude? La première ligne directrice est de reconnaître qu’il existe de l’incertitude, tandis que les autres lignes directrices présentent une approche claire pour s’y retrouver efficacement.

Ligne directrice 1 : Prendre des décisions en gardant les yeux ouverts.

Cette ligne directrice est cruciale et dépend de la reconnaissance de la nature imprévisible des décisions pour lesquelles il existe des risques qui peuvent – ou non – être contrôlés. Il est également nécessaire d’évaluer le niveau et la probabilité du risque. Par exemple, si on s’attend à ce qu’un risque associé à un portefeuille de placement ait une incidence minimale et une faible probabilité de se produire, un comité peut décider qu’il s’agit d’un risque acceptable à assumer. Toutefois, pour les risques importants et dont la probabilité est plus élevée, un comité cherchera à atténuer le risque, notamment en améliorant la diversification du portefeuille.

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Ligne directrice 2 : Décomposer le problème pour le rendre plus gérable.

Cette ligne directrice s’appuie sur l’analogie avec les pelures d’oignon. En décomposant un problème en éléments plus petits, on le rend plus facilement gérable. Comme lorsqu’on épluche un oignon, l’évaluation des diverses couches d’une situation peut fournir des renseignements utiles qui n’étaient peut-être pas évidents à première vue.

L’un de ces éléments est le cadre, qui reconnaît qu’il existe des types distincts d’incertitude qui sont parfois considérés comme identiques. Par exemple, une connaissance limitée peut être attribuable à l’imprévisibilité d’un résultat, comme l’incidence de la volatilité des marchés boursiers. Par ailleurs, une connaissance limitée pourrait s’expliquer par le fait qu’un comité dispose de peu d’information sur un nouveau sujet, comme le rôle des marchés privés. La réponse serait différente pour chacun.

Une autre couche consiste à apprécier les différents groupes, personnes et organisations liés à la décision et à identifier les parties prenantes qui ont une influence sur la décision, celles qui ont l’expertise nécessaire pour la soutenir et celles qui seront touchées par celle-ci.

Il est également important de faire la distinction entre les faits et les hypothèses. Par exemple, une hypothèse de rendement annualisé de 7 % à long terme est simplement la meilleure estimation du rendement attendu et pas nécessairement le rendement qui sera réalisé.

Ligne directrice 3 : Être conscient des avantages et des limites des modèles.

La gestion de l’incertitude peut comprendre l’appréciation des avantages et des contraintes des modèles utilisés pour faciliter la prise de décisions. Voici ce que dit le statisticien britannique George Box :

« Tous les modèles sont erronés; certains modèles sont utiles. »

L’un des avantages les plus utiles des modèles est qu’ils peuvent favoriser une meilleure compréhension. Dans la construction d’un nouvel immeuble, un modèle architectural à petite échelle sert de représentation visuelle de la conception finale du bâtiment. En donnant une image plus claire et une impression générale du projet, on peut aider à repérer et à corriger les défauts de conception potentiels, ce qui permet de réduire les coûts des matériaux pendant la construction.

Les modèles statistiques sont souvent utilisés pour examiner la répartition de l’actif à long terme des investisseurs. Le rôle de ces modèles est de favoriser une meilleure compréhension des avantages relatifs des différentes répartitions de l’actif possible avant de les appliquer au portefeuille en tant que tel. Bien que ces types de modèles statistiques soient utiles pour regrouper des renseignements très complexes afin de faciliter la prise de décisions, ils ne sont que des outils et ne fournissent aucune garantie quant au résultat réel.

Ligne directrice 4 : Ne pas se laisser berner par les biais comportementaux.

Au moment de prendre des décisions, il est important d’être conscient des biais comportementaux qui peuvent influencer inconsciemment ses choix. Ces biais posent souvent des défis aux comités de placement.

Biais courants dans la prise de décision

Appel aux probabilités 
Être trop axé sur les résultats
Cadrage serré 
Ne pas envisager toutes les options
Ancrage 
Difficulté à se départir de sa première impression
Biais de confirmation 
Tendance à rechercher l’information qui confirme sa manière de penser
Fatigue décisionnelle 
Détérioration de la qualité des décisions
Émotion à court terme 
Les émotions peuvent influer sur les décisions
Appel à la mémoire 
Tirer parti des expériences passées
Excès de confiance 
Tendance à trop croire en un résultat

Dans leur livre, Decisive, Chip et Dan Heath font référence à quatre de ces biais qu’ils désignent comme les « quatre vilains » en expliquant comment ils peuvent influencer les décisions et les façons de réduire leur incidence.

  • Cadrage serré : Ce biais limite notre point de vue en concentrant notre attention sur un domaine précis, comme un projecteur qui éclaire une partie d’une scène tout en laissant tout le reste dans le noir. Un cadrage serré peut nous amener à négliger des possibilités et des points importants. Pour surmonter ce biais, il est important d’élargir nos perspectives, en éclairant différentes parties de la scène afin de découvrir de nouvelles idées et de nouvelles possibilités.
  • Biais de confirmation : Ce biais nous amène à rechercher et à privilégier l’information qui confirme nos convictions. Il peut en résulter une collecte de renseignements qui vont dans le même sens que nos convictions et une sous-estimation des risques associés à la décision. Pour contrer le biais de confirmation, il est utile de tester la réalité de nos hypothèses. Une façon d’y arriver est de demander à quelqu’un de se faire l’avocat du diable, de remettre en question nos idées et de formuler des critiques constructives avant de prendre la décision.
  • Émotion à court terme : Ce biais fait référence à l’influence des émotions immédiates sur la prise de décision. Cela peut nous amener à faire des choix impulsifs sans tenir pleinement compte des conséquences à long terme. Pour atténuer l’incidence de l’émotion à court terme, il peut être avantageux de conceptualiser les répercussions de nos décisions dans un avenir rapproché. En imaginant ce qu’on pourrait ressentir au sujet de la décision six mois plus tard, on peut réduire l’influence des émotions immédiates.
  • Excès de confiance : Ce biais consiste à avoir trop confiance dans l’issue probable de nos décisions. Nous avons tendance à croire que nos jugements et nos prévisions sont plus exacts qu’ils ne le sont. Pour remédier à l’excès de confiance, il faut reconnaître l’incertitude inhérente à la prise de décisions. Il faut être prêt à accepter que l’on a peut-être tort et à comprendre les risques de baisse potentiels associés à ses choix.

Être conscient de ces biais et mettre en place des stratégies pour les éviter peut aider à prendre des décisions éclairées et rationnelles.

Ligne directrice 5 : Obtenir la contribution de tout le monde.

La dernière ligne directrice pour gérer l’incertitude souligne l’importance de faire participer toutes les parties prenantes au processus décisionnel. Lorsqu’une nouvelle idée est présentée lors d’une réunion, il est courant de ne pas l’accueillir immédiatement et de résister à ce qui est proposé. Les nouvelles idées font souvent l’objet de réactions négatives, peu importe la qualité de l’information présentée.

Il est utile de déterminer les moments où il y a de la résistance et de permettre aux parties prenantes d’exprimer leurs préoccupations et, ce faisant, d’établir un lien de confiance avec les différentes parties prenantes. La communication est également essentielle pour provoquer des changements. En s’assurant qu’il y a une discussion à chaque étape de l’examen, on peut éviter d’arriver à la fin pour découvrir que l’on a perdu l’avis de décideurs clés en cours de route.

Comment être un décideur plus efficace

Aussi décourageant que cela puisse être, il est nécessaire de prendre des décisions en matière de placement en période d’incertitude. En suivant un processus rigoureux et en étant conscient des influences qui peuvent faire dérailler le processus, on peut être un décideur plus efficace.

Se démarquer face à l’inconnu

  • Être à l’aise avec l’incertitude associée aux placements.
  • Prioriser les risques les plus pertinents pour ses objectifs.
  • Reconnaître et accepter la nature imprévisible des décisions.
  • Décomposer les décisions complexes en éléments gérables pour en faciliter l’analyse.
  • Utiliser les modèles comme outils pour mieux comprendre les options possibles, tout en sachant qu’ils ne garantissent pas un résultat réel.
  • Être attentif aux biais comportementaux qui peuvent influer sur la prise de décision et prendre des mesures pour gérer leur influence.
  • Favoriser une communication efficace pour faciliter le changement et assurer une prise de décision éclairée.

Lorsqu’on doit prendre des décisions en matière de placement, il faut savoir maintenir le cap en période d’incertitude en gardant le contrôle de soi, appliquer des stratégies rigoureuses, avoir une communication ouverte et gérer les biais de façon à faire des choix éclairés et de réussir malgré la complexité.

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juillet 26th, 2023